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Retour sur la select 6.50

L’édition 2012 de la Select 6.50 aura été marquée par des conditions météo très ventées. Avant le départ samedi matin, la tension est palpable. Nous allons partir dans un flux d’ouest nord ouest de 25kt. Dans la nuit de samedi à dimanche le vent devrait temporairement faiblir pour ensuite ne faire que se renforcer. La direction de course nous met en garde, à partir de lundi 2h00 il faudra être rentré au port car c’est 40kt de vent et des creux de 6,50m qui sont annoncés. Bref tous aux abris…

Le départ est donné à 13h00, je suis un peu en retard sur la ligne suite à un envoi de solent (voile d’avant) récalcitrant. Néanmoins un bon bord vers la plage me permet de revenir dans le milieu de la flotte au moment de sortir de la baie. C’est alors que le pilote automatique décroche et je me retrouve en vrac, je suis obligé d’affaler la grand voile pour récupérer une bastaque (câble qui tient le mat vers l’arrière) qui est passée du mauvais coté. Je vois à nouveau toute la flotte me doubler.

select686Il y a 25kt de vent et dès la sortie de la baie ça se renforce nettement. Je décide de prendre un ris dans le solent et je commence à tirer des bords vers le plateau du Four. Face au vent, le gain sur la route directe est faible, ça va être long…. A la VHF c’est un peu l’hécatombe, les abandons sur casse mécanique se succèdent. Les conditions deviennent de plus en plus difficiles, nous nous faisons bien secouer, c’est un peu la guerre ! J’essaye de rester bien concentré et progressivement je parviens à revenir au contact et à doubler plusieurs bateaux.

A partir de 18h00 le vent oscille entre 30 et 35kt, c’est chaud !  Le bateau est vraiment très gité et dans les surventes je ne contrôle plus grand-chose. La liste des abandons m’incite à la prudence et je décide de réduire à nouveau la voilure. Pour ne pas abîmer mon nouveau solent j’ai préféré embarquer une ancienne voile mais celle-ci n’est pas équipée d’un second ris (une seule possibilité de réduction). Je n’ai pas d’autre choix que l’affaler pour mettre le tourmentin (petite voile de tempête). La manœuvre à l’avant du bateau est longue et pénible sous les paquets de mer qui nous recouvrent régulièrement. A cet instant je me retrouve avec très peu de toile et un gros déficit de vitesse, je vois les bateaux qui m’entourent s’éloigner… Je sais que la régate passe alors au 2nd plan. Moralement et aussi physiquement c’est dur, il faut s’accrocher ! Tirer sur la barre et rentrer vers Pornichet serait tentant mais je m’y refuse. Je pense beaucoup à ma femme qui fait tant d’efforts pour que je puisse être là et ça me donne l’énergie de poursuivre.

Vers 22h le vent faibli un peu et je renvois de la toile, nous sommes à nouveau en course. A chaque fois que j’active le pilote automatique le bateau enclenche un virement, impossible de lâcher la barre, je dormirai plus tard… Les grains se succèdent et m’obligent à de multiples manœuvres. J’ai fait le choix de faire un long bord pour aller me positionner sous le vent de Belle-Ile ce qui me permet d’avoir une mer apaisée. A l’approche de Quiberon je suis surpris de croiser la route de 3 bateaux, je pensais être loin après avoir passé 5h sous tourmentin, c’est réconfortant.

Au levé du jour j’arrive à la hauteur des Birvideaux, le point le plus nord du parcours. Je sais que je suis très en retard sur le timing pour finir la course avant la tempête qui doit arriver dans la soirée. C’est l’heure du choix !  Soit je poursuis la course en redescendant vers l’ile d’Yeu et je pourrai ensuite faire route directe et abandonner à Pornichet pour me mettre à l’abri en début de nuit. La seconde option est d’abandonner maintenant et de continuer ma route vers le nord pour rentrer à Lorient. L’avantage c’est qu’à Lorient je vais pouvoir effectuer les travaux que j’ai prévu : gruter le bateau, poncer la coque et refaire la peinture (antifouling). En continuant vers Pornichet je sais que les conditions météo à venir ne me permettront pas de convoyer le bateau à Lorient avant plusieurs jours et que les travaux devront être reportés par contre il y a beaucoup à apprendre de cette descente sous spi dans la brise... Essentiellement pour des raisons de logistique je prends la décision de rentrer à Lorient mais ce n’est pas un choix facile. J’arrive à Lorient vers 9h00, je suis cassé, j’ai du mal à marcher et des bleus partout. La course est finie pour moi, c’est frustrant mais je suis quand même satisfait d’être au moins allé au bout de ce bord de près très musclé.

A postériori j’ai probablement fait une erreur car la dépression est arrivée avec plusieurs heures de retard sur la prévision initiale. Les concurrents que j’ai croisés au niveau de Quiberon ont réussi à finir la course juste avant l’arrivée de la tempête ! Bravo à eux, ceux là sont allés au bout d’eux même et ils font partis des 17 Mini à avoir terminés sur 55 bateaux au départ !

La leçon que j’en retire est que j’ai manqué de lucidité, j’aurais du appeler un sémaphore à la VHF pour avoir les dernières prévisions météo. Le coté positif c’est que j’ai ensuite bien travaillé sur le bateau et il est quasi en configuration pour la grande course de l’été : Les Sables – Les Acores – Les Sables.

Prochaine course le trophée MAP au départ de Douarnenez le 28 mai, cette fois j’irai jusqu’au bout !